La Rivista per l'insegnamento e l'apprendimento delle lingue

L’enseignement de trois langues par une seule personne: possibilités et limites

Rosanna Margonis-Pasinetti
Lausanne

Concevoir l’enseignement des langues à l’école selon le principe “une langue, une personne” peut permettre entre autres à l’apprenant-e d’entrer dans un processus d’identification semblable à celui qu’on préconise et qui se met souvent en place dans une famille où les parents parlent deux langues différentes (formule de Grammont-Ronjat). D’autre part, ce choix offre à l’enseignant-e, au moins théoriquement, une certaine latitude pour le développement d’apports socioculturels inhérents à la langue enseignée, notamment s’il s’agit de sa langue maternelle. Sans une véritable volonté, ou possibilité, de structurer et de poursuivre dans le temps le contact et la coordination avec les enseignant-e-s des autres langues, la fréquentation privilégiée d’une langue cible peut par ailleurs présenter des carences au niveau du développement des liens, des capacités et des stratégies qui conduiraient les apprenant-e-s et l’enseignant-e vers la maîtrise de la compétence plurilingue, devenue pratiquement l’objectif prioritaire de tout projet inhérent à l’enseignement des langues.
Envisager et réaliser le choix de confier l’enseignement de deux, voire de trois langues étrangères à une même personne, pour un même groupe d’apprenant-e-s et pour la durée d’un cycle d’apprentissage complet, revient en quelque sorte à faire basculer la situation. Le processus d’identification susmentionné ne se fera pas ou s’orientera dans le sens d’un rapport de confiance en quelqu’un qui détient “la clé des langues”. Difficile pour l’enseignant-e de se faire le messager de trois cultures, dont au moins deux ne lui sont pas totalement familières; ardu aussi parfois de trouver à l’instant réponse à toute question, notamment dans le domaine lexical ou idiomatique. Large par contre l’éventail des possibilités qui lui sont offertes de montrer aux apprenant-e-s que l’apprentissage d’une langue et des langues, surtout à l’école, est une patiente construction, que les ressemblances et les différences aident et guident l’apprenant-e. Unique par ailleurs l’occasion de se présenter aux apprenant-e-s comme l’exemple vivant du fait qu’on peut apprendre plusieurs langues et qu’on peut les apprendre à l’école.
Les recherches et les expériences, menées il est vrai essentiellement autour de l’enseignement bilingue (Morgen, 2004; Geiger-Jaillet, 2005), basé sur un contenu véhiculé par deux langues, amènent à constater que choisir de faire appel au “maître unique” (un maître, deux ou plusieurs langues) plutôt qu’au “maître référent” (un maître, une langue), revient souvent à opérer un choix pratique, inhérent à une plus grande souplesse dans l’organisation de l’établissement scolaire, à la gestion de la classe, à la recherche d’une certaine cohérence éducative; s’il ne l’est pas encore, en tout cas officiellement, il pourrait être un choix didactique, visant le développement de la didactique intégrée et de la classe de langue étrangère comme espace plurilingue. [...]

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