La Revue pour l'enseignement et l'apprentissage des langues

Editorial

Echanges linguistiques en contextes plurilingues


Une classe de Bellinzone peut se rendre en territoire germanophone ou romanchophone en moins d’une heure – et, dès cette année, la durée du voyage vers le nord des Alpes est encore plus courte: la Suisse quadrilingue, grâce à ses dimensions réduites, offre les meilleures conditions pour s’impregner des variétés qui, en classe, sont étudiées comme langues étrangères.
Les milieux politiques ont reconnu ce potentiel. Ces dernières années, les conditions-cadres en faveur des échanges entre élèves et enseignants se sont peu à peu améliorées – Babylonia a déjà traité dans d’autres numéros des développements de la Loi fédérale sur les langues, des recommandations de la CDIP et du mandat de la Fondation ch.
Le Message concernant l’encouragement de la cutlure pour la période 2016 à 2020 est particulièrement intéressant: on y exprime d’une part la nécessité que «le plus de jeunes possible participent au moins une fois à un projet d’échange national au cours de leur scolarité» (p. 552) et on annonce d’autre part que des moyens supplémentaires de l’ordre de 800’000 francs par an en faveur de l’enseignement de l’italien en dehors de la Suisse italienne seront mis à disposition. Ce sont justement des mesures de ce type qui – si elles sont activement mises en œuvre – favorisent, dans le quotidien de la classe, le contact entre les communautés linguistiques du pays et contribuent à renforcer des traditions déjà anciennes en Suisse.
Focaliser l’attention sur les échanges linguistiques est certainement positif, mais il ne faut pas oublier que le contact entre les langues et les cultures à l’école comporte une autre dimension: celle des nombreux élèves qui grandissent avec une autre langue que les langues nationales et dont beaucoup recherchent en Suisse une protection et une nouvelle patrie. Ces jeunes sont confrontés à une situation similaire à celle d’un échange: la langue de l’école – l’allemand, le français ou l’italien – est apprise dans l’environnement où ils/elles vivent. La didactique des langues parle dans ce cas d’acquisition d’une langue seconde. C’est précisément à ces différents contextes d’apprentissage de LE (langue étrangère) et de L2 (langue seconde) qu’est dédié le présent numéro de Babylonia: après diverses descriptions dressant un état des lieux dans les trois grandes régions linguistiques, plusieurs projets innovants et testés avec succès vous sont proposés.
Nous vous souhaitons une lecture stimulante!

La rédaction de Babylonia