La Revue pour l'enseignement et l'apprentissage des langues

Editorial

Si, dans la canicule estivale et la torpeur de vacances méritées, vous avez trouvé le temps de prêter un peu d’attention à l’actualité scolaire helvétique, vous aurez certainement remarqué une agitation particulière, comme une “urgence” bien peu habituelle chez nous... En fait, l’origine de cette excitation doit être recherchée dans la prise de conscience progressive des résultats de l’enquête internationale PISA, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler: les comparaisons, en effet, peuvent faire mal, surtout lorsqu’elles sont largement publiées, rendues accessibles à tout le monde et que – contre toute attente – c’est au milieu ou au bas de l’échelle qu’il faut chercher les élèves suisses... Certes, ces enquêtes internationales sont criticables à de nombreux égards, mais elles ont parfois le mérite de réveiller quelques vieux démons... Et, sans masochisme excessif, c’est lorsqu’elles font un peu mal qu’elles peuvent nous aider, en nous confrontant à notre présomption, en nous réveillant d’une certaine suffisance.
Ces débats, en fait, ont fait apparaitre quelques raisons de redevenir plus optimistes. Cela vaut en particulier pour la nécessité affirmée (a) de redonner une place centrale au “Hochdeutsch” dans l’école alémanique; et (b) de promouvoir des mesures énergiques de soutien dans les classes dont le pourcentage d’élèves allophones est élevé. Ce sont là deux des principales recommandations formulées par les groupes de travail chargés d’analyser les résultats de l’enquête PISA et reprises par la CDIP dans un programme d’action arrêté le 12 juin dernier (www.edk.ch). Plus précisément, la Conférence prône que la langue standard soit “utilisée de façon conséquente à tous les degrés d’enseignement et dans toutes les disciplines”. Ainsi, ce que Babylonia demandait depuis bien longtemps (cf. no 3/98 par exemple) est à présent repris et assumé par les plus hautes autorités scolaires comme une évolution légitime et nécessaire des habitudes linguistiques. Mais ce n’est là qu’un premier pas, car l’usage d’une langue, dans une société démocratique, ne se décrète pas: c’est un fait culturel qu’il est difficile de modifier. Il faudra donc convaincre, il faudra du temps. Mais cela est nécessaire non seulement pour améliorer les compétences langagières des élèves mais également pour créer des conditions favorisant une meilleure intercompréhension entre les diverses cultures de notre pays.
Ce numéro de Babylonia est consacré à une thématique – apparemment – plus classique de l’enseignement des langues: la grammaire. Nous sommes convaincus que les nombreuses contributions qu’il contient, coordonnées avec efficacité et compétence par Hannelore Pistorius, pourront fournir des idées pertinentes pour nous aider à repenser les liens entre maitrise grammaticale et maitrise pratique, à redéfinir le rôle de la grammaire dans l’enseignement des langues secondes.

La rédaction