La Rivista per l'insegnamento e l'apprendimento delle lingue

D'autres langues en Suisse…

Une réalité parfois difficile à cerner et à nommer, mais des enjeux immenses

Jean-François de Pietro
Neuchâtel

Arrêt sur image

Les langues présentes sur notre territoire expriment une diversité incroyable. De l'anglais (voire l'espagnol, le russe...) en tant que langue "internationale" de grande diffusion aux nombreux idiomes directement liés aux mouvements migratoires du monde actuel: l'italien - qui a donc un double statut, parfois ambigu, de langue à la fois nationale et de migration - l'espagnol, le portugais, le serbo-croate, le turc, l'albanais, etc. Et le statut de ces langues varie considérablement, tant dans leur aire d'origine qu'en Suisse. Certaines, en effet, sont reconnues dans leur territoire traditionnel comme des langues nationales: le turc, le portugais, etc. Certaines sont aujourd'hui bien reconnues même si elles n'ont pas nécessairement un statut de langue nationale: le catalan en Espagne, le quechua en Bolivie, le corse en France le lingala, le kimono au Congo, le punjabi en Inde et au Pakistan, etc. D'autres enfin, même si leur situation est peut-être en train d'évoluer, ne sont guère reconnues dans les pays dont elles proviennent: c'est le cas du kurde, du berbère, des parlers créoles... Quant au romani, parlé dans de nombreux pays mais reconnu nulle part...
Mais surtout, ces langues sont trop souvent ignorées, parfois même dénigrées, ici, en Suisse, lorsqu'elles deviennent "langues de migration". Parfois tout simplement parce qu'on en ignore l'existence - même si elles sont parlées par des millions de locuteurs: le malayalam, le tigrinia... -, parfois parce qu'on peine à les distinguer d'une autre langue à laquelle on les rattache - le galicien qu'on identifie souvent encore au castillan -, parfois par simple commodité ou paresse d'esprit...Trop souvent encore, à l'école entre autres, on tend à ne qualifier les locuteurs qui les parlent non par ce qu'ils savent mais uniquement par ce qu'ils savent moins ou pas: des "non francophones", des "non germanophones". Au mieux des "allophones"... Il n'y a pourtant pas de langues inférieures, il n'y a pas de langues qui ne soient l'expression originale d'une culture, d'une identité, il n'y a pas de langues qui ne mériteraient pas qu'on s'intéresse à elles!   [...]

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