Sprachliche “Fertigbauteile” werden heute zunehmend als ein zentrales Phänomen der Lexik betrachtet. Derartige Elemente helfen den SprachbenutzerInnen, ihre Ziele in der Interaktion zu erreichen: sich verständlich machen, ihre GesprächspartnerInnen zu beeinflussen usw. Je nachdem, ob vorfabrizierte oder kreative Sprache verwendet wird, kommt eine entsprechende Modalität der Sprachverarbeitung zum Tragen: Fertigbauteile werden holistisch, kreative Sprachanteile analytisch-sequentiell verarbeitet. Zu Beginn des Spracherwerbs dominiert die holistische Verarbeitung; dann folgt eine analytisch-sequentielle Phase, in der vor allem das Lesen- und Schreibenlernen stattfindet. Kinder und Jugendliche entwickeln dabei eine Präferenz für das Wort als lexikalische Einheit, was das Fremdsprachenlernen nachhaltig beeinflusst; Fertigbauteile werden deshalb zur Fehlerquelle, weil sie in bezug auf ihren lexikalischen und nicht den morphosyntaktischen Inhalt analysiert werden und wichtige Information verloren geht. Dies wird durch den Unterrichtskontext noch verstärkt. Im Rahmen eines integrativen Ansatzes der (Fremd-)Sprachendidaktik wird vorgeschlagen, die Lernenden für die Existenz und die verschiedene Ausprägung sprachlicher Fertigbauteile zu sensibilisieren, um so der analytisch-sequentiellen Verarbeitungstendenz beim schulischen Fremdsprachenlernen entgegenzuwirken. | Pour approcher le sujet, imaginons quelques difficultés d’une apprenante1 du français langue étrangère. Ainsi, dans la langue de tous les jours, combien de fois, les non-francophones peuvent s’entendre dire “ça, c’est pas du français!” ou “ça ne se dit pas” … On dit “se sentir bien dans sa peau”, mais non “*se sentir agréable dans sa peau”; on dit “je l’ai à l’œil” mais non “*je l’ai dans l’œil”; “il en a ras le bol” mais non “*il en a ras la tasse”, on peut “lancer un coup de fil” mais non “*jeter un coup de fil”; par contre, on peut “lancer une pierre” ou “jeter une pierre”… Rien que ces quelques exemples montrent qu’une apprenante (et l’enseignante peut-être pas non plus!) ne peut pas s’en sortir sur la seule base de ses règles de grammaire et du vocabulaire appris pour s’exprimer de manière correcte et surtout idiomatique dans la langue cible; il faut également connaître les possibilités de combinaison des mots entre eux - quel verbe va avec quel nom, quel nom avec quel adjectif, etc. Le phénomène a de nombreuses facettes, par exemple les guides de rédaction pour lettres de toutes sortes montrent bien le caractère préfabriqué ou figé des formules de salutations; les guides linguistiques pour touristes consistent habituellement en une collection de structures très stables, sélectionnées en fonction de leur utilité dans des situations courantes de la vie quotidienne – ou encore, dans le domaine des échanges oraux, on trouve beaucoup de routines de conversation, comme les formules de politesse, le small talk, etc. Dans les représentations de bien des apprenantes et enseignantes, la perception du phénomène semble varier en fonction de la langue: ainsi, l’anglais est considéré comme une langue avec de nombreuses expressions idiomatiques, tandis que le français ou l’allemand passent pour des langues clairement déterminées par la grammaire. Aujourd’hui, les lexicologues sont de plus en plus convaincues que le figement lexical dans toutes nos langues est beaucoup plus qu’un phénomène marginal. Il est donc non seulement pertinent mais aussi nécessaire de l’étudier sous différents angles et de nous poser la question des conséquences qu’on peut en tirer pour l’enseignement, dans l’espoir de créer un climat favorable à l’acquisition / apprentissage de séquences préfabriquées et de la langue en général, sans pour autant proposer de révolution didactique. Mais avant cela, nous nous intéresserons à des aspects cognitifs, psychologiques et sociaux du langage préfabriqué. Pour cela, nous nous basons principalement sur un ouvrage récent et très complet d’Alison Wray, Formulaic Language and the Lexicon (Wray 2002). [...] |