Die Idee, dass es sich sowohl für die Individuen als auch für die Gesellschaft lohne, Sprachen zu lernen, geniesst in der Schweiz noch eine breite Zustimmung. Die Gründe dazu haben sich gewandelt, es überwiegen nun eher die ökonomischen. Auch werden sie zunehmend in Frage gestellt, wie auch die Sprachpolitik in unserem Lande grundlegend diskutiert wird. Deshalb ist es notwendig, die empirische Basis der ganzen Diskussion zu überdenken und insbesondere der Fragen der Nachhaltigkeit und der sozialen Gerechtigkeit von Fremdsprachenunterricht nachzugehen: Was haben wir für Daten, die die Überzeugung stützen, dass Fremdsprachlernen sinnvoll sei? Und wenn solche Daten verfügbar sind, können wir davon ausgehen, dass der Nutzen allen Mitgliedern der Gesellschaft zu Gute kommt? Der Autor geht diese Fragen zuerst aus der ökonomischen Perspektive an. Auf u.a. eigene differenzierte Studien zurückgreifend, kommt er zum Schluss, dass das Studium der Fremdsprachen ohne Zweifel eine gute Allokation darstellt, andererseits aber damit auf keinen Fall die Priorität des Englischen legitimiert werden kann. Auch die Antwort auf die zweite Frage fällt im Sinne eines Mehrs an sozialer Gerechtigkeit positiv aus. Im Hinblick auf den schulstrukturellen Kontext und auf die didaktische Dimension, werden am Schluss aber noch einige für die Diskussion und die Forschung grundlegende Fragen gestellt. (Red.) | 1. Introduction
Il existe en Suisse un large consensus autour de l’idée que l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères constitue, de la part des individus comme de la société dans son ensemble, un effort pleinement justifié1. En d’autres termes, on s’accorde à penser que c’est là un usage judicieux des ressources disponibles — qu’il s’agisse des deniers publics ou du temps des grilles horaires des écoliers. Toutefois, cette perception demeure souvent basée sur des considérations fort générales. Voici quelques décennies, de telles considérations auraient surtout reposé sur l’idée que la maîtrise d’une ou deux autres langues, en plus de sa langue maternelle, fait partie de la culture de l’honnête homme. À l’heure actuelle, ce sont plutôt des préoccupations à caractère marchand qui font mouche: savoir l’anglais et une langue nationale serait une garantie d’emploi et le passeport vers des emplois mieux payés. Enfin, traversant les époques, l’accès aux autres cultures (accès dont la compétence linguistique serait sinon la condition, du moins l’outil privilégié) constitue une autre justification de cet effort d’apprentissage. Une facette du consensus est aujourd’hui remise en cause: cette remise en cause concerne l’ordre dans lequel deux langues étrangères (langue nationale et anglais) sont enseignées. Derrière cette interrogation s’en profile bien évidemment une autre qu’il serait futile de vouloir escamoter, à savoir la question, autrement plus sérieuse, de la simple légitimité reconnue aux langues nationales dans les grilles horaires (puisque la présence, sinon la préséance de l’anglais ne semble plus faire de doute pour personne). Ainsi, les contenus de notre politique d’enseignement des langues étrangères sont en discussion, bien que le principe de l’enseignement d’au moins une langue étrangère soit intact. On notera au passage que tel n’est plus le cas dans certains pays anglophones, où se généralise le caractère purement facultatif, dans les systèmes éducatifs, de l’apprentissage de langues autres que l’anglais — et cela, même pour des personnes poursuivant des études longues. C’est là un point sur lequel je reviens à la fin de ce texte. Ces interrogations interpellent les bases conceptuelles et empiriques du consensus. Elles mettent en évidence la nécessité de le réexaminer au moins sous les deux angles suivants: (1) premièrement, sur quels critères et sur quels faits empiriques (cohérents par rapport à ces critères) ce consensus se base-t-il? En d’autres termes, notre perception que l’enseignement des langues étrangères en vaut la peine est-elle fondée? Qu’en savons-nous exactement? Sur quelle base pouvons-nous affirmer que telle ou telle langue mérite d’être enseignée, et quel niveau de compétence devrions-nous viser, sinon atteindre? (2) deuxièmement, même si l’on peut établir, en réponse à la question ci-dessus, que l’apprentissage de telle(s) ou telle(s) langue(s) constitue, pour la société dans son ensemble, un usage efficace des ressources, peut-on également être sûr que tous les membres de la société en profitent? [...] |