The author examines, in the historical context of Basque/Spanish diglossia, ways in which schools may contribute to improving the mastery of the Basque language as spoken in family settings. Oral skills could be taught explicitly at school with a focus on the genre of ‘debate’. With the aim of suggesting didactic pathways for the observation and evaluation of classroom debates in Basque, she highlights various aspects of the genre and its teaching, such as the importance of the dialogic dimension; difficulties and inhibitions of students; formulaic language to overcome these difficulties and to mitigate interventions; the importance of silence; the role of discourse markers and other specific features of oral communication which raise the question of which norms to promote in such debates. She illustrates these aspects with debates among children, beginners or trained debaters, comparing them with productions by adults. In the last part, the author presents a phase model of debates, comprising the phases tension, condition, and resolution, which integrates the features of oral skills and the discourse components of argumentation, which promises to open up interesting didactic avenues. (Ed.) | Jusqu’à la fin du 20e siècle, à l’exception d’une littérature lyrique et narrative réduite et de textes religieux qui ont été produits depuis le 16e siècle, la langue basque a essentiellement survécu dans des usages oraux. Après les changements politiques des années 70 et 80, une dynamique populaire et institutionnelle de normalisation de la langue basque a permis un développement assez remarquable de la langue écrite, surtout dans les domaines de l’éducation, de l’administration et des médias. Les usages oraux se sont eux aussi développés, dans les mêmes domaines, mais le commerce et le monde du travail continuent toutefois à fonctionner en espagnol.1 Ces conquêtes sont néanmoins insuffisantes. La société bascophile attend de l’école basque – bilingue – qu’elle développe davantage l’enseignement oral et écrit et qu’elle améliore les connaissances des élèves non seulement au niveau formel mais aussi pour ce qui concerne les formes colloquiales de la langue. Il faut en effet savoir qu’une grande proportion des bascophones sont des néobascophones qui ont appris la langue à l’école et se débrouillent avec beaucoup plus d’aisance en espagnol. Par conséquent, le risque pour la langue basque de devenir une langue artificielle, trop liée à l’école, est évident. Comment faire? Nous n’allons pas ici proposer de mesures de politique linguistique, même si elles sont toujours nécessaires, mais nous intéresser à la manière dont l’école contribue à ces objectifs à travers l’enseignement de l’oral – du débat en particulier, qui est, parmi des activités orales diverses, un des genres les plus recommandés et, semble-t-il, les plus pratiqués (Larringan, 2002). Nous examinerons différents aspects du débat en les illustrant par nos analyses de débats d’enfants, débutants ou entrainés, et en les comparant à quelques productions d’adultes (politiciens, enseignants, journalistes...) participant à des débats à la radio et à la télévision, dans le but de proposer quelques idées pédagogiques pour l’observation et l’évaluation de la pratique du débat – en basque – à l’école.
1. Les enjeux de l’interlocution dans le débat Le débat exige une activité verbale directe: il faut oser et prendre la parole. Avoir une “place” (parfois un micro?) constitue par conséquent la première condition pour interagir dans un débat. Il s’agit de parler avec et non seulement sur quelque chose. Dans les débats peu régulés proposés par l’enseignant sur un sujet donné (voyage de fin de cours par exemple), le fait de participer représente ainsi un pas déterminant dans un contexte où des problèmes psychologiques et cognitifs, ajoutés au manque de pratique, peuvent rendre très difficile le pari de prendre la parole en public. Contrôler sa peur, surmonter son “insécurité élocutive” (Chanfrault-Duchet, 2005), constitue ainsi un enjeu majeur de la didactique de l’oral. Dans les débats, toutefois, comme dans n’importe quel genre textuel, existent des rituels verbaux et non verbaux bien définis – allant de la gestion de l’espace, des gestes et des mouvements du corps à l’usage de formules langagières diverses – qui nous aident à surmonter ces obstacles. [...] |