La Rivista per l'insegnamento e l'apprendimento delle lingue

Apprendre des stratégies de lecture en L2

Questions sur leur efficacité dans la compréhension écrite

Marianne Jacquin
Genève

Die Untersuchung stützt sich auf die Beobachtung von zehn Zweiergruppen von Schülern der neunten Klasse des Genfer Cycle d’Orientation, die sich im Deutsch-als-Fremdsprache-Unterricht Lesetexte erschliessen sollten. Dank umfangreicher Tonbandaufnahmen konnte die Autorin die Lösungswege der Schüler analysieren und die von ihnen eingesetzten Strategien beschreiben. Konkrete Beispiele verdeutlichen: Die traditionelle Einteilung der Strategien in “aufsteigende” (oder “bottom-up”: Aufbau des Textverständnisses gemäss der Abfolge der Wörter) und “absteigende” ( oder “top-down”: übergreifende Verbindung der Informationen, um Hypothesen über den Fortgang des Textes zu bilden) ist zu schematisch. Deshalb ist auch deren Bewertung als Zeichen eines schwächeren oder fortgeschritteneren Lesers fraglich. Denn bei beiden Vorgehensweisen werden immer wieder Hypothesen benutzt und Bezüge zum allgemeinen Kontext hergestellt. Ausserdem garantiert die Verwendung bestimmter Lesestrategien an sich noch keinen Leseerfolg; es kommt vielmehr auf deren angemessene Wahl und Kombination angesichts eines Verständnisproblems an. Die Autorin hofft, dass ihre Untersuchung zu didaktischen Schlussfolgerungen führen wird, die vor allem Lesekompetenz als eigenen Unterrichtsgegenstand anerkennen. (Red)

Cet article, basé sur l’analyse d’enregistrements de dix dyades d’élèves de la dernière année de scolarité obligatoire à Genève, permet de mettre en évidence - à travers les problèmes que rencontrent des apprenants d’une langue étrangère (allemand), lorsqu’ ils sont engagés dans une activité de lecture en classe - des stratégies qu’ ils emploient pour les résoudre. Le but central sera de montrer que l’efficacité de la mise en oeuvre de stratégies de lecture dépend du contexte de son utilisation et de la manière dont elles se coordonnent entre elles.

La problématique: cas illustratif

Deux élèves de 9ème travaillent en dyade autour d’une tâche de lecture, qui consiste à trouver les projets de jeunes qui décrivent ce qui compte le plus dans la construction de leur avenir (amis, famille, métier, loisirs). Un des personnages souhaite avant tout fonder une famille, mais sans nécessairement se marier avec sa compagne. C’est cette phrase du texte (Heiraten muss ich meine Freundin nicht) qui va poser un certain nombre de problèmes de compréhension.
La première approche des élèves consiste à se baser sur la négation (nicht) et le mot-clé de la phrase (Freundin) et d’en conclure que le personnage n’a pas de copine. Lors d’une reprise plus détaillée de la phrase, ils procéderont par une lecture mot par mot pour trouver le sens de la phrase. Le mot “heiraten” leur est inconnu. Ils dérivent la forme muss du verbe müssen (devoir) et traduisent de façon littérale (je dois ma copine pas), en concluant que ça ne veut rien dire. Un des élèves fait cependant la remarque qu’en allemand, la structure de phrase peut changer par rapport au français. Les élèves émettent ensuite une hypothèse à partir du syntagme muss ich nicht: peut-être qu’il ne veut pas avoir de copines. Cette supposition est aussitôt remise en question par la traduction je dois pas. Ils opposent ensuite la négation et l’obligation en disant qu’il y a contradiction: d’abord il doit et après il dit non. L’hypothèse est reprise en modifiant l’auxiliaire (je dois pas avoir de copine). Le pronom mein (ma) fait cependant obstacle à cette interprétation. Une autre hypothèse, probablement basée sur des connaissances générales ou le vécu, leur fait dire que ce sont ses parents qui ne veulent pas qu’il ait de copine. La tentative d’inférer le sens du mot heiraten du contexte de la phrase aboutit presque à la bonne compréhension. En attribuant la négation à la copine (ma copine ne veut pas), et en continuant à se baser sur la première hypothèse, les élèves remplacent le mot qui pose problème par le mot convaincre: je dois convaincre ma copine qui ne veut pas. Leur conclusion est que le personnage doit convaincre sa copine de se marier avec lui. Alors même que le mot marier est prononcé et que la traduction de la phrase (dois-je ma copine pas) est correcte, l’élève ne rectifie pas l’hypothèse portant sur le mot heiraten (convaincre) ce qui empêche l’accès au sens de la phrase. L’idée de l’autre de placer la phrase dans un contexte plus large (il y a peut-être quelque chose avant), notamment la phrase Ich will unbedingt eine Familie gründen, weil ich selbst nie eine hatte, ne permet pas de sortir des premières hypothèses faites. Les élèves en restent à l’idée qu’ il veut convaincre sa copine de se marier, sens opposé à celui de la phrase.
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